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HISTORIQUE


Médecine et pharmacie
Le jumelage Lyon - Kaboul

par Jean-François CIER (photo)
"Les Nouvelles d'Afghanistan" n° 58-59 - 1992


Compte-rendu du porte-parole à l'issue de l'entretien de M. Jacques Chirac, Président de la République, avec M. Hamid Karzaï, président de la république islamique d'Afghanistan - 2007


Traité d'amitié et de coopération entre la République Française et la République islamique d'Afghanistan - 27 janvier 2012

 

Historique de la Coopération Franco-Afghane dans le domaine de la Santé

1922 : les archéologues français furent les premiers étrangers à obtenir du roi Amanullah le droit de séjourner en permanence sur le territoire afghan. C’était le début d’une amitié singulière entre la France et l’Afghanistan qui ne se démentira pas au fil des années, malgré le remplacement progressif de la langue française, langue longtemps parlée par l’élite afghane, d’abord par le russe, maintenant par l’anglais.

Adoptée en 1923, la première constitution moderne de l’Afghanistan ne s’est-elle pas largement inspirée du modèle français ? Celle de 1964 qui introduisit la monarchie constitutionnelle également. Cette relation d’amitié a été amplifiée par le souverain Zaher Shah qui durant son règne de 1933 à 1973 est resté très proche de la France afin de contribuer à la modernisation de son pays.

Ainsi plusieurs générations d’afghans ont été formées dans les établissements d’enseignement mis en place par la France, dont à Kaboul le lycée Esteqlal pour les garçons et le lycée Malalaï pour les filles, inaugurés par le Président Georges Pompidou en mai 1968 et fréquentés par les jeunes afghans jusqu’aux pires heures de la guerre civile puis du djihad.

C’est dans ce contexte d’estime réciproque qu’après le seconde guerre mondiale, les médecins et les pharmaciens afghans trop peu nombreux pour assurer la totalité des enseignements dispensés au sein des facultés, firent appel à la France. Notre pays accéda à cette demande et de nombreux praticiens, cliniciens, chirurgiens, biologistes, partirent enseigner en Afghanistan entre 1947 et 1952. Cette coopération s’est poursuivie entre 1952 et 1958 sur la base de stages en France de médecins, pharmaciens, étudiants afghans et de l’envoi ponctuel d’enseignants français à Kaboul.

1960 marque un tournant : le doyen Jean-François Cier de l'Université Lyon 1, répondant à un nouvel appel à la coopération franco-afghane dans le domaine de la santé, se rend à Kaboul pour mettre en place une collaboration basée sur l’envoi de professeurs français de médecine à Kaboul, pour une durée de 2 ans en moyenne et de l’attribution de bourses d’études (3 à 6 mois) pour des médecins afghans souhaitant compléter leur formation médicale. Il en fut de même pour quelques étudiants en médecine afghans qui, bénéficiant de bourses d’études, ont pu acquérir en France une formation médicale complète.

Un accord similaire fut signé le 30 avril 1963 entre les facultés de pharmacie de Lyon (Professeur Nétien), de Nancy (Professeurs Besson, Pelt, Hayon) et de Kaboul (Doyen Saïd Abdullah) permettant la formation de pharmaciens afghans en France.

Un nouvel élan dans les relations entre les deux pays fut concrétisé par l’accord signé le 21 août 1966 qui reconnaissait officiellement que la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon était le maître d’œuvre de la coopération franco-afghane dans le domaine de la santé.

C’est dans ce cadre que 2 professeurs de la faculté de pharmacie de Kaboul préparèrent leur thèse d’état en France entre les années 1966 et 1969 :

- le Professeur Payenda, pharmacologue formé à la faculté de pharmacie de Nancy
- le Professeur Saïfi, biochimiste formé à la faculté de pharmacie de Lyon

(toujours en activité, c’est les larmes dans les yeux qu’ils ont accueilli en juillet 2002, les 2 premiers missionnaires de la faculté de pharmacie de Lyon, Dominique Marcel et Christian Collombel… cela faisant 25 ans qu’ils étaient coupés de l’alma mater !).

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Cette collaboration connaîtra un coup d’arrêt au lendemain de l’envahissement de l’Afghanistan par les troupes soviétiques (1979) avec la fermeture du centre culturel français et de la représentation diplomatique. Cependant de nombreuses ONG médicales françaises présentes au côté des moudjahïdines du Commandant Massoud durant les années d’occupation soviétique (1979-1989) maintenaient cette collaboration médicale dans la clandestinité puis plus ouvertement à partir de 1992 jusqu’à la chute du règne du mollah Omar (décembre 2001).

La présence française exemplaire, continue et soutenue depuis la fin des années 50, même pendant les heures des plus sombres de la guerre, a marqué les esprits et les cœurs des afghans. Et c’est tout naturellement que l’actuel gouvernement afghan s’est tourné dès le début 2002 vers la France pour faire revivre la coopération universitaire et hospitalière dans les domaines de la santé (médecine, pharmacie, soins infirmiers…).

Ainsi en mai 2002, compte-tenu de la situation dramatique dans laquelle se trouve le secteur de la santé en Afghanistan, l’université Claude Bernard de Lyon et les Hospices Civils de Lyon, sollicités par le Ministère des Affaires Etrangères français (Emmanuel Delloye, spécialiste de l'Afghanistan et le Docteur Frédéric Tissot, responsable du programme Santé de l’ambassade de France à Kaboul), ont décidé de répondre à cette demande et de reprendre cette collaboration :

- une convention concernant la médecine a été signée le 15 septembre 2002 entre l’Institut Médical de Kaboul, l’université Claude Bernard et les Hospices Civils de Lyon ;
- elle fut complétée par une convention de coopération hospitalière entre les Hospices Civils de Lyon et l’hôpital universitaire Ali Abad de Kaboul signée à Lyon le 14 juillet 2003 ;
- la convention concernant la pharmacie a été signée le 3 février 2003 à Kaboul entre la faculté de pharmacie de Kaboul, la faculté de pharmacie de Lyon et les Hospices Civils de Lyon.

Cette convention « pharmacie » prévoit la participation d’enseignants de la faculté de pharmacie, de praticiens hospitaliers (pharmacie et biologie) et d’internes en pharmacie (pharmacie et biologie) aux activités d’enseignements et de soins au sein de la faculté et des hôpitaux de Kaboul, avec en particulier une aide dans les domaines ciblés par nos interlocuteurs afghans, à savoir :

  • collaboration à la réflexion sur les actions à mener pour que les pharmaciens afghans reprennent leur place au sein des équipes de soin de leur pays, et participer à l’information et à l’éducation des malades. Le but principal de cette action est d’avertir les afghans des risques encourus suite à l’utilisation de médicaments contrefaits de qualité douteuse, pullulant sur le marché, en provenance principalement de Chine et du Pakistan. (Cette campagne d’information devrait bénéficier de l’aide de la Fondation Pierre Fabre en 2005).

  • création d’une structure professionnelle réunissant les pharmaciens afghans diplômés et l’édition d’un bulletin de liaison à vocation pédagogique (bonne utilisation des médicaments, prophylaxie des maladies infectieuses transmissibles, lutte contre la malnutrition, hygiène individuelle et collective) sont apparues indispensables pour mener à bien ces actions.

  • aide au rétablissement d’une législation pharmaceutique (action prise en charge par l’AFSSAPS et le Ministère de la Santé français).

  • participation à la mise à jour des programmes des études (collaboration avec la faculté de pharmacie de Téhéran) avec d’une part l’accueil à Lyon d’enseignants et d’étudiants de la faculté de Kaboul pour des stages de formation et de perfectionnement et d’autre part, la formation sur place à Kaboul d’enseignants pharmaciens afghans.

  • participation à l’enseignement universitaire de certaines disciplines en fonction des indications précises données pour le doyen de la faculté de pharmacie de Kaboul.

  • remise en route des travaux pratiques, l’enseignement dispensé actuellement étant entièrement théorique faute de matériel. L’équipe lyonnaise a prévu de rééquiper entièrement le laboratoire consacré à l’enseignement du contrôle de la qualité des médicaments avec le soutien financier du Ministère des Affaires Etrangères et du Conseil de la Région Rhône-Alpes.
    Cette action sera complémentaire de celle visant à recréer le laboratoire national de contrôle des médicaments au sein du Ministère de la Santé (action financée par le Ministère des Affaires Etrangères de la France en 2004-2005), outil indispensable à la lutte contre les médicaments falsifiés.

  • installation d’un centre de production de médicaments essentiels, en particulier de solutés injectables. Le laboratoire Aguettant a répondu à cette demande et étudie les conditions de transfert de ses compétences dans ce domaine.

Ce programme strictement limité à l’essentiel ne peut être mis en œuvre qu’à travers un partenariat fort associant pouvoirs publics et professionnels de santé. Le Docteur Frédéric Tissot, responsable du programme santé au sein de l’ambassade de France à Kaboul, met en place ce partenariat avec une volonté farouche et entraînante, voulant montrer que la France est capable de répondre à l’appel d’un peuple ami et francophile qui lui fait confiance.

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